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FIDELITER n° 250 - Je suis sorti de la franc-maçonnerie

Un fidèle de la Tradition catholique, qui a remis sa démission d’une loge il y a quelques années, a bien voulu apporter son témoignage à notre revue. Nous l’en remercions chaleureusement. Son nom est d’emprunt.


Cher monsieur, merci d’apporter votre témoignage dans notre revue.

Il n’y a que cinq ans que j’ai démissionné de la franc-maçonnerie. D’y être entré fut pour moi une chute. Et d’avoir ensuite quitté la « désolation initiatique » est une remontée, une merveilleuse victoire remportée sur les forces du mal, sur les fausses valeurs et sur la bêtise mécréante.

Il m’est apparu judicieux de partager cette expérience afin d’informer mes semblables, et de leur éviter de vivre cette même catastrophe, et de participer à cette mauvaise oeuvre. Être franc-maçon, c’est tragique, pour soi-même, et pour notre pauvre pays, la France, fille aînée de l’Église.

Je serais mal venu de me donner comme exemple ou comme donneur de leçons, mais j’espère que mon témoignage servira donc à éviter la même chose à d’autres, et à nuire, à mon petit niveau, à la francmaçonnerie. Car j’ai envie de la voir disparaître.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis un Français de souche, d’environ une soixantaine d’années. J’ai exercé auparavant des métiers relatifs à l’art, comme le négoce d’art. Et je suis désormais retraité.

Dans votre jeunesse, avez-vous reçu une éducation catholique – au regard de laquelle la franc-maçonnerie est exclue ?

Je suis effectivement issue d’une famille catholique, précisément de la région parisienne. Mon frère (mon aîné de six ans) et moi – nous sommes deux enfants – avons eu un père intellectuellement brillant, bachelier à 15 ans, ingénieur agronome. Il a connu la guerre et en a souffert, il a même enduré trois mois de captivité.

Notre mère était au foyer et s’occupait de nous. Elle était musicienne. L’enfant que j’étais n’avait pas conscience de la famille privilégiée dans laquelle il était né. En revanche, très tôt j’ai pris conscience de la présence du mal dans le monde.

Vos parents vous ont-ils inscrit dans une école catholique ?

Ce n’est qu’à sept ans que je suis entré dans une école ; la formation antérieure fut familiale. Entre mille choses que j’ai découvertes dans le milieu scolaire, je me suis aperçu que les garçons, contrairement aux filles, avaient la peau dure et cherchaient en tout à être les meilleurs – choses que la franc-maçonnerieexploite. Comme eux, cependant, je n’étais pas très travailleur, hormis enfrançais ; je m’effrayais même à l’idée de devoir un jour travailler pour vivre ! Je m’intéressais plutôt aux motos, aux voitures, aux armes, à la chasse... mais aussi à la messe que j’aimais beaucoup.

Pour raconter une anecdote, à l’instar d’autres garçons, j’ai imité le prêtre disant la messe. Me voilà donc un jour appliqué à consacrer le contenu d’un récipient dans le sang de Jésus-Christ. Or le vin blanc ressemblant à de l’eau, j’ai cru que c’est cela qui était matière du sacrement ! J’ai donc essayé de transformer de l’eau dans le précieux sang de Notre-Seigneur, sans grand succès, évidemment.

Le Saint-Sacrifice me fascinait. La messe me paraissait déjà ruisseler dans le monde, l’envahir de la grâce de Dieu et de la charité, et cette joie chrétienne fut une allégresse de mon enfance. Les chants religieux m’accompagnaient. Cet ensemble suffisait à m’aider à trouver le monde tout de même beau. J’aimais à voir en lui une image de Dieu.

Ce fut donc une enfance heureuse.

Oui. Il faut dire cependant qu’à l’âge de 10 ans, j’ai appris que mon père souffrait d’un cancer, et qu’il n’y avait pas de guérison possible. Mais j’étais encore trop jeune pour que cette perspective me dise vraiment quelque chose. Que pouvait représenter une absence future ? La compréhension est venue progressivement, et plus tard.

Mon père a quitté cette terre quand j’avais 18 ans. Il a donc été malade pendant 8 ans. Le cancer s’est porté à la fin sur les intestins, s’est généralisé et l’a emporté.

À peu près à cette époque, j’ai découvert l’école publique et, comme aux autres, on m’a expliqué que Voltaire était honnête et la Révolution bonne. Je n’ai pas été sans en être abîmé.

En tout cas, le décès de mon père fut un événement très violent dans ma vie. Ce que représentait auparavant la mort pour moi, c’était principalement un épisode du livre Tistou et les pouces verts, de Maurice Druon. Dans ce roman, Tistou découvre un jour la mort de son jardinier préféré, appelé Moustache. Ce livre éclaire singulièrement le monde moderne. Mais il n’a pas suffi à me préparer à la mort de mon père, et inconsciemment je me suis écarté de Dieu.

Est-ce que cette disparition ne vous a pas rendu plus vulnérable, vous disposant du coup à une initiation ?

Ce qui est certain, c’est que la douleur de la mort m’a comme invalidé, et ce n’est que peu à peu que j’ai découvert cet impact du deuil. Je ne sais si vous me suivez, mais il y a des questions qu’on ne se pose pas, et qui nous détruisent, car elles créent en nous un vide de douleur, un silence et une fermeture. Ce vide est une façon de se protéger face à la mort, et ce vide nous détruit, plus sûrement que la mort de l’être aimé.

Je suis devenu grabataire, dépressif. Un jour, je me suis repris en main. J’avais grossi : j’ai perdu 20 kilogrammes en trois mois, et cela a renforcé la dépression. J’ai trouvé un divertissement pascalien dans l’image. Étant visuel de nature (et aussi tactile), j’ai toujours été attiré par le beau et par l’image (mon père était d’ailleurs un remarquable dessinateur). Mais les images qui m’ont intéressé alors furent celles du tarot de Marseille. Le plan divinatoire ne me disait rien – il est stupide –, mais le symbolisme me passionnait. Je ne saurais vous dire combien j’ai lu, à cette époque, de livres sur le tarot de Marseille : ceux de la Bibliothèque nationale, de Mazarine, de Sainte-Geneviève...

Le symbolisme a donc été une préparation...

Effectivement, j’ai été pris du goût pour les symboles. J’y ai été notamment formé par Micheline Bazin. Elle était journaliste, proche de Louis Pauwels et de Marlon Brando. Pour le tarot de Marseille, et pour l’imagerie en général, elle m’a enseigné à prendre le temps de regarder. L’accès à la représentation demande du temps.

En étudiant l’image, j’ai appris à mieux voir. Et je me suis aperçu en particulier à quel point moi-même, j’allais mal. Et comme Micheline Bazin avait une bonne bibliothèque, avec des livres de Carl Jung, j’ai lu tous les ouvrages de cet auteur. Jung était bien plus intelligent que Freud. Il n’était pas vertueux, sa vie maritale ne l’était pas du tout. Mais il connaissait les symboles, et en tout cas il m’a permis de comprendre à quel point j’allais mal. Pour autant, je n’avais heureusement aucune confiance dans la psychanalyse.

Et c’est ainsi, par les épreuves et par l’attrait pour le symbolisme (et aussi les contes de fées !), que je me suis trouvé mûr pour l’entrée en franc-maçonnerie.

À quel âge y êtes-vous entré ?

Un peu avant mes trente ans. Il est intéressant de connaître les différentes façons d’entrer en maçonnerie, elles sont toujours un peu les mêmes (voir encadré p. 68) En ce qui me concerne j’avais reçu des propositions auparavant. Je n’y avais pas donné suite, bien que les loges m’attirassent. Elles m’attiraient, premièrement, parce que mon père ne les aimait pas (il abhorrait les initiations de toutes sortes, et voyait dans le scoutisme – Baden Powell fut franc-maçon – un enrégimentement empêchant toute construction intérieure fondée sur la raison) ; le bête esprit de contradiction propre à l’adolescence fit le reste. Elles m’attiraient, deuxièmement en raison des rituels, que je n’ai par la suite, pour autant, jamais su par coeur, car les mémoriser m’entartinait le crâne et m’emboucanait le cerveau.

Je fais connaissance d’un ami qui m’entraîne : me voici donc dans la Grande loge nationale française (GLNF). J’avais accepté celle-là parce qu’elle exigeait la croyance en Dieu. Je ne serais jamais entré dans une obédience faisant profession d’athéisme.

J’étais encore mal du deuil de mon père. J’espérais trouver là un salut.

J’ai d’abord rencontré mon « parrain », le « vénérable », qui avait mission de décider si je pouvais convenir à la loge. Trois enquêteurs ont instruit le dossier ! On m’a très vite demandé de l’argent : 400 euros par an, plus l’agape (20 ou 30 enros dans une loge simple). À chaque tenue il y a une agape, conclue par l’orateur qui fait un toast.

J’ai été accepté, suis passé sous le bandeau. L’initiation elle-même est trop grotesque pour que je vous la décrive. À la fin, on vous retire le bandeau. Vous vous retrouvez dans une petite pièce, au sein d’un immeuble de luxe du boulevard Bineau, dans la capitale. J’étais entouré de plusieurs notables bedonnants.

J’ai commencé les tenues, une par mois. Dans la GLNF il y a plusieurs rites ; j’étais dans le rite ancien écossais accepté.

J’ai conçu un certain orgueil d’être reçu dans les loges ; j’y voyais une reconnaissance de mon intelligence et de mon sens du contact humain. Pauvre sot quej’étais ! J’avais payé les droits d’initiation, le tablier blanc, les gants de la même couleur, la médaille de la loge, l’équivalent de 1000 euros. Car c’est Mammon qui dirige tout cela. Trente ans plus tard, je me suis lancé à moi-même : tu es... comme un balai, tu t’es fait arnaquer.

Sans doute, mais la longueur de cette expérience vous permet d’en parler en connaissance de cause !

Dieu l’a permis. J’y cherchais le salut, et la franc-maçonnerie prétend vous aider à vous sauver vous-même. C’est une illusion profonde.

Pour vous conduire sur ce chemin, elle se présente comme une école de sagesse, autrement dit de philosophie, qui se fonde sur le respect des autres et la « tolérance ». Elle oppose à la pensée naturelle, fondée sur la logique et sur la réflexion, une « pensée magico-primitive et archaïque », selon l’expression du docteur jungien Pierre Solié. Or en réalité cette pensée éclate la personnalité en de multiples individualités fragmentées, ce qui empêche l’unité intérieure, pourtant promise par l’initiation.

La franc-maçonnerie est donc une usine à gaz inextricable qui produit le chaos. Son relativisme (« à chacun sa vérité »), qui n’affirme aucune vérité absolue, permet de satisfaire toutes les « personnalités fragmentées » qui composent la secte, et il n’en sort qu’une confusion du type nominaliste.

Cette illusion de sagesse permet aux « Frères » de se croire l’élite de la société. Et comme la maçonnerie est universelle, être initié, c’est faire partie du cercle de l’élite mondiale.

En se cantonnant à la pensée (archaïque) et aux symbolismes qui la portent, la franc-maçonnerie, même lorsqu’elle exige la croyance en Dieu, rejette cependant la foi dans la Révélation pourtant offerte aux hommes. Elle sacrifie la foi à la raison et au rituel.

Comment se passe une tenue ?

Après l’ouverture des travaux, on fait lecture du compte-rendu de la tenue précédente. Puis diverses questions sont traitées. Enfin, on accomplit un travail symbolique appelée « planche » ; à la GLNF, ce travail symbolique ne porte sur aucun sujet politique ou religieux, contrairement au Grand Orient ou à la Grande Loge de France, où sont abordés les sujets sociaux (avortement, mondialisme...)

Avez-vous rencontré ou croisé des clercs dans les loges ?

Je n’y ai vu aucun prêtre catholique. Le père Riquier y a donné une conférence extérieure. De ce que je n’ai pas vu de prêtres à la GLNF en 30 ans, puis-je conclure qu’il n’y en avait pas ? Je ne le conclurais pas. Je n’en sais rien. Je serais tenté de dire « non », mais s’il y en a, la logique voudrait qu’ils soient regroupés dans une loge particulière au sein de l’obédience. Dans le passé, on a fondé des loges, dans une obédience déterminée, réservées pour certains personnages importants, par souci de discrétion ; il n’est pas impossible que la même chose ait été faite des prêtres ou des religieux. Je ne sais pas si cela s’est fait, mais c’est possible. À quoi il faut ajouter qu’en soi il paraît plus difficile à un prêtre ou à un évêque de faire partie de la GLNF que de la Grande Loge de France ou du Grand Orient (voir encadré p. 70).

Au Grand Orient, être catholique pratiquant, c’est s’exposer à ce qu’on vous rende la vie impossible. À la Grande Loge de France, on vous la rendra difficile. À la GLNF, ce sera possible. Mais ces trois obédiences appartiennent, au fond, à une même secte antichrétienne.

Pourriez-vous développer ce point ?

On n’imagine pas à quel point la francmaçonnerie est anticatholique. Le culte du mystère et du secret y est une tentative perverse de se substituer à la Révélation du Christ (qui porte sur des mystères et des secrets).

Elle prône la « fraternité maçonnique », dépourvue de transcendance. On ne peut être frères que si on a unmême père. Or quel père ont les francs-maçons ? Certainement pas Dieu. Ils sont « fils de la lumière », comme ils s’aiment s’appeler, mais je dirais plutôt « fils du porteur de lumière », autrement dit de « Lucifer ». Pour établir la Révolution les loges ont remplacé les vertus chrétiennes par des valeurs républicaines. La société qu’ils construisent ne réunit pas les hommes, elle les dresse les uns contre les autres en stimulant leur cupidité par l’omniprésence de la « loi du marché », en faisant miroiter la multiplicité de l’avoir au détriment de l’unité de l’être.

La franc-maçonnerie estime que les constructeurs des édifices sacrés, forts de leurs connaissances et de leurs secrets professionnels, sont supérieurs aux prêtres de la religion. Mais qu’est-ce qui est plus grand ? L’édifice qui entoure l’autel, ou bien l’autel, lieu du sacrifice eucharistique ?

Je pense même que le « grand architecture de l’univers » (GADLU) auquel sont censés croire les membres de la GLNF n’est autre que Lucifer. C’est la thèse qu’a soutenue Albert Pike.

La franc-maçonnerie est unhumanisme antireligieux.

Elle l’est forcément, puisqu’elle a supprimé toute transcendance véritable. Elle finit par diviniser l’homme, mesure et centre de l’univers, et non pas créature de Dieu.

Saint Jean écrit dans son Évangile (8, 44) : « Le père dont vous êtes issus, c’est le diable, et vous voulez accomplir les desseins de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et n’est point demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a point de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds,car il est menteur et père du mensonge. » Elle est l’univers du maître de la Terre, contre la Cité de Dieu. Que l’on relise les paroles de saint Augustin sur les deux cités : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité de la Terre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité de Dieu. L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur. L’une demande sa gloire aux hommes, l’autre met sa gloire la plus chère en Dieu, témoin de sa conscience. L’une, dans l’orgueil de sa gloire, marche la tête haute ; l’autre dit à son Dieu : “Vous êtes ma gloire et c’est vous qui élevez ma tête.” Celle-là dans ses chefs, dans ses victoires sur les autres nations qu’elle dompte, se laisse dominer par sa passion de dominer. Celle-ci nous représente ses citoyens unis dans la charité, serviteurs mutuels les uns des autres, gouvernants tutélaires, sujets obéissants. Celle-là, dans ses princes, aime sa propre force. Celle-ci dit à son Dieu : “Seigneur, mon unique force, je vous aimerai.” » (De Civitate Dei xiv, 28, 1) N’est-ce pas une description de l’Église et de la franc-maçonnerie, sorte de contre-Église ?

Quand avez-vous compris cela ?

Mon départ a été l’aboutissement d’un long processus. Il a été tout d’abord décidé par Dieu. C’est ainsi que je l’ai ressenti, si l’on peut dire, et vécu. Je lui en rends grâce.

Dans les années 2008-2009, une grave crise interne a secoué la GLNF. Les hauts grades du Rite écossais ancien et accepté ont cherché à mettre la main sur les trois premiers degrés symboliques, qui habituellement dépendaient de la juridiction du grand maître de la GLNF.

Quelques années auparavant, j’avais perçu les tensions. J’étais alors « trois fois puissant maître » (ne riez pas), c’est-à-dire que je présidais un « atelier » dit « supérieur ». J’avais accédé au 30e degré, mon titre était « grand élu chevalier kadosh » (impossible de ne pas rire n’est-ce pas ?) J’ai alors démissionné. Mais je suis resté dans l’Obédience. Je n’avais pas réalisé que l’édifice entier était gangrené.

Lorsqu’éclata ladite crise, je découvris des erreurs et des méchancetés que je ne soupçonnais pas alors. Je compris que la «fraternité» maçonnique était un leurre et qu’elle était impossible. Je fus dégoûté de ce monde en constatant la suffisance, l’arrivisme et l’incompréhension des « Frères ». Ils en venaient à se vanter d’avoir abusé ou trahi un autre « Frère » ; dans cet univers, nul amour, nulle générosité, et même nulle raison véritable. C’est le cas de le dire : l’esprit était sectaire.

Comme l’exprima un jour un ancien ami (en attribuant faussement cette citation à Goethe) : les francs-maçons étaient de « petits hommes le jour qui sont de grands hommes la nuit » (j’airencontré là-bas, toutefois, quelques personnes merveilleuses et d’exception).

Par ailleurs, quelques mois avant ma démission, je présentai une « planche » sur le sujet « la loi et l’amour ». Précisément, j’ai étudié la différence entre la Loi ancienne, si fondamentale dans le monde vétérotestamentaire, et la charité de la nouvelle Alliance. Au-delà, je perçus la distance qu’il y a entre le « sacré » profane de la maçonnerie et la présence réelle de Dieu dans l’Église. Je compris que le GADLU n’était pas Dieu.

Le fameux « secret » de la francmaçonnerie se réduisait à l’appétit pour le pouvoir. Autant dire, comme Umberto Eco dans son livre Le pendule de Foucault, le secret des sociétés secrètes, c’est... qu’il n’y a pas de secret !

Avez-vous aussitôt repris le chemin de l’église ?

J’avais gardé la foi. Comme j’habite Suresnes, je suis allé à trois reprises dans une église paroissiale de cette commune, à dix minutes à pieds de chez moi. Mais le curé faisait du dialogue interreligieux avec un rabbin. Et à la messe (de Paul VI), j’étais surpris que les gens se tournent les uns vers les autres, avant la communion, comme pour se dire bonjour.

Je connaissais Saint-Nicolas-du-Chardonnet, mais il fallait se lever tôt pour s’y rendre. J’ai fait l’effort. Et j’y ai retrouvé le bonheur des messes de mon enfance.

Je retournai à l’univers catholique de l’authentique sacré. Je compris que le Saint-Sacrifice était le lieu du combat entre les forces des Ténèbres et celles du paradis. Et de ce lieu saint on sortait, après l’Ite missa est, pour retrouver ses occupations profanes en étant à la fois ouvert et fermé : on s’était ouvert à la grâce, on resteraitfermé au mal.

Après 30 ans dans les loges, votre retour à la Tradition catholique était une grâce immense.

J’ai eu le sentiment de sortir de l’enfer, sous apparence d’un syncrétique et ésotérique « bric-à-brac ». Pourquoi ai-je mis tant de temps à en sortir ? Mon opposition est en tout cas désormais totale.

Que chacun se tienne loin de cette secte, et que ceux qui y sont en sortent daredare. Plusieurs, du reste, ont fait comme moi, et ont témoigné d’une façon ou d’une autre.

D’autres sont restés, mus par différentes raisons ou divers intérêts. Je pense en tout cas que l’école laïque de la République contribue à faire des hommes bien disposés à l’entrée en franc-maçonnerie. Les méthodes d’apprentissage (de mon temps, la méthode de lecture dite « globale ») fabriquent des êtres soumis, malléables, sans discernement, sans conviction, sans conscience claire de la vérité, prêts à être candidats pour entrer dans la francmaçonnerie, que Jean-Luc Mélenchon et Vincent Peillon ont à raison appelé la « religion de la République ».

J’ai raconté, dans le début de cet entretien, les raisons qui m’ont mené aux loges ; il est juste que j'ajoute celle que je viens d’exposer.

Pour conclure... ?

Le retour à l’église m’a apporté les réponses que je me posais, notamment celles sur lesquelles j’avais réfléchi, à l’occasion de la « planche » d’une tenue maçonnique. L’harmonie entre loi et amour, et aussi entre raison et foi, n’a lieu que dans le catholicisme, et le catholicisme traditionnel. Vatican II a bradé le sacré, le Saint-Sacrifice, toute harmonie.

En retrouvant Dieu, on retrouve la vérité, mais aussi l’amour : l’amour de Dieu, l’amour du prochain. J’ai délaissé une fausse fraternité pour la vraie charité. La sainte Vierge Marie a eu une grande charité pour moi. Je l’ai toujours beaucoup aimée, sainte Thérèse d’Avila aussi.

Quand j’étais enfant, j’étais un cassecou, je me suspendais à l’extérieur des immeubles. Parfois je me faisais mal physiquement. Et j’ai connu les épreuves morales que j’ai racontées. Il me fallait une consolatrice : la Vierge a rempli ce rôle. Sa grâce est comme féminine, maternelle donc.

Nous, les chrétiens, nous avons toujours envie de demander à la sainte Vierge de nous prendre la main, de lui dire : « Aidez-moi, je suis un peu perdu. » C’est tout. Comme dirait Hamlet : « Le reste est silence. »

(FIDELITER n° 250, Je suis sorti de la franc-maçonnerie)